Arthur Ténor
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 "Le secret du genre humain" - 1er chapitre

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Maxime
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Maxime


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MessageSujet: "Le secret du genre humain" - 1er chapitre   "Le secret du genre humain" - 1er chapitre Icon_minitimeMer 13 Aoû 2008, 14:39

Voici les deux premiers chapitres du Secret du génie humain, roman ados/adultes, à paraître début septembre, chez Grasset Jeunesse (collection Grand Format). En vous souhaitant une lecture... géniale !

"Le secret du genre humain" - 1er chapitre 28807376_p

1 Les risques du direct

Le commandant de police Fabrice Ronet rentre chez lui un peu plus tôt que d'habitude, dix-neuf heures trente, bien dans sa tête mais épuisé. Après avoir fait voler son blouson de motard jusqu'au fauteuil, déchaussé ses santiags en émettant un bref râle de soulagement, puis avoir déposé sur la table du salon son arme de service dans son holster, il s'effondre sur le canapé canari.

– Aaaahm ! Le paradis, enfin ! lâche-t-il comme s'il poussait son dernier soupir.

Tout cela sous le regard mi-amusé mi-sévère de sa compagne et future épouse, Iness, plantée bras croisés derrière le bar de la cuisine américaine. Elle quitte son immobilité et rompt le silence :

– Sa Sainteté souhaite-t-elle que je la masse avant de lui apporter son dîner ?

Fabrice, les yeux fermés, sourit aux anges.

– Ma Sainteté souhaite être embrassée, câlinée, cocoonée...

– Mais certainement, Votre Gracieuse Majesté.

L'œil malicieux, la jeune femme rejoint son fiancé, étalé comme une flaque sur les moelleux coussins jaune. Elle lève au-dessus de lui des mains aux doigts crochus de convoitise, telle une harpie qui s'apprêterait à dévorer tout cru un dodu poulet. Le policier entrouvre un œil, s'effraie de l'expression de son amie :

– Attention, Iness...

Un petit rictus en coin... et c'est l'attaque ! Les serres se referment sur les flancs de la victime (précisément où c'est insupportable), et la bouche s'abat dans le cou.

– Non ! Ah ! Aaaah ! Iness... Mi... pitié ! hurle le supplicié.

L'empoignade se termine bientôt par un long baiser. La jeune femme allongée sur Fabrice rejette de côté sa longue chevelure brune. Elle le contemple de ses yeux gris vert, qui à présent n'expriment que tendresse et amour.

– Je t'ai préparé un repas de prince, mon prince, murmure-t-elle.

– Vraiment ? paraît s'étonner le policier.

– Mais oui ! En entrée, coquilles Saint-Jacques façon traiteur, dix minutes au four. À suivre, tagliatelles carbonara Lustucru, « faites des petits trous dans le sachet, avant d'enfourner au micro-ondes ». Et en dessert, Votre Majesté se délectera d'un mystère au cœur fondant de caramel, Vivagel... ou Carte d'Or, je ne sais plus.

– Formidable ! Et en digestif, qu'avez-vous prévu, fée du logis ?

– Eh bien... cela dépend.

– De quoi ?

– De la forme de monseigneur.

Fabrice laisse échapper un gloussement d'excitation, puis soupire :

– Tout à l'heure, j'aurais donné mon royaume pour une soirée comme celle-là. La déesse de l'amour m'aura entendu.

– C'est qui, cette déesse ?

– Mais toi, ma Vénus.




Un peu plus tard, assis en tailleur devant la table basse du salon, Fabrice Ronet déguste son dîner « princier ». Entre deux bouchées, il raconte sa journée, une banale journée de flic de quartier : une agression par-ci, un vol de scooter par-là, une dispute de voisinage qui tourne à l'échauffourée... Triste routine d'un monde qui refuse obstinément de vivre en paix. Comprenant que son compagnon se prépare un petit coup de cafard, Iness lui propose une sortie ou un jeu de société, tout en lui caressant d'une main délicate sa chevelure noir de jais. Fabrice Ronet dévisage son Aphrodite un long moment avant de répondre :

– Tu vas me traiter de vieux père pantouflard, mais je n'ai qu'une envie ce soir : me scotcher devant la télé et regarder le programme le plus nul de la soirée.

Sans paraître déçue, la jeune femme s'empare de la télécommande qui traîne sur le l’épais tapis persan.

– Alors tu vas être content, déclare-t-elle, c'est le jour de « On se dit tout... en direct ».

Sur l'écran à plasma s'affiche l'image du studio où se déroule cette émission de divertissement. Le principe tient en un concept simple : un choix d'invités aussi médiatiques qu’impertinents, des chroniqueurs à la langue affûtée et un animateur caustique à souhait qui espère à chaque émission voir l'invité craquer, provoquer un scandale ou déballer un lot d'informations sulfureuses... Même si elle déteste ce genre de peoplerie, Iness est finalement très heureuse puisqu'elle va pouvoir se blottir contre son fiancé, qui va la dorloter devant cette télévision, dont en vérité il n'a rien à faire.

Après quelques minutes, le présentateur Laurent Faure annonce l'invité suivant. Il s'agit d'un homme devenu célèbre grâce à ses étonnantes capacités intellectuelles.

– Il a été surnommé le génie du verbe ou, plus méchamment, le gourou de la logorrhée, explique l'animateur sur un ton de solennité un peu forcé. Cet ancien bègue est devenu d'un coup, à l'âge de trente-cinq ans, un surdoué de la parole, capable de tenir des discours de dix heures sans une seule fausse note. Ce miracle, étonnant mais attesté, serait survenu à la suite de la visite d'un ange dans sa chambre, qui lui aurait donné une mission divine et le moyen de l'accomplir, à savoir « le pouvoir du Verbe qui transforme le monde ». Après avoir fait la une des journaux et rassemblé autour de lui ses premiers adeptes, voilà qu'il connaît aujourd'hui un revers de fortune, puisque ses problèmes de diction semblent revenir au galop, comme un naturel trop vite chassé. Certains le croient quelque peu dérangé, d'autres fou génial. En tout cas, c'est une personnalité hors du commun que je vous demande d'accueillir... Arnaud Gestin !

Sur le jingle entraînant de l'émission, un personnage tout de noir vêtu apparaît au fond du décor lumineux. Le teint blafard, le regard bas et les traits tirés, il gagne d'un pas traînant le siège qui l'attend à la grande table ovale, entre un acteur de cinéma, une vedette du football et un milliardaire excentrique. Le nouveau venu s'installe sans l'esquisse d'un salut ou d'un sourire. Mains croisées sur la table, en une posture voûtée de vieillard fourbu, il fixe l'animateur avec dureté, comme s'il avait une dent contre lui. Ce dernier, en bon professionnel, lui souhaite la bienvenue avec une décontraction feinte, puis attaque d'entrée de jeu, ainsi qu'à son habitude :

– Arnaud Gestin, vous avez connu un vrai début de gloire, après votre guérison qui a fortement troublé les médecins qui vous suivaient. Mais voilà qu'aujourd'hui, vos problèmes de bégaiement resurgissent. Est-ce la fin du miracle ?

L'invité garde le silence et une immobilité parfaite. Laurent Faure, qui en a connu d'autres, ne se laisse pas troubler par cette attitude dérangeante et enchaîne sur quelques rappels biographiques.

Devant ce spectacle, en apparence ordinaire pour ce type d'émission, Fabrice Ronet éprouve une impression bizarre, comme si son intuition venait d'entrer en alerte.

– Ce type a une sale tête, déclare Fabrice pour lui-même.

Il est vrai qu'avec ses sept années d'expérience policière, il commence à s'y connaître en matière de « sales têtes ». Celle-ci lui inspire pourtant un sentiment différent de celui qu'il connaît face aux loubards et roublards de tout poil qu'il interroge à longueur de journée. Iness tourne un œil vers le téléviseur.

– Je dirais même inquiétante, estime-t-elle avec une moue de perplexité.

L'invité conserve en effet un regard bas ouvertement menaçant. L'animateur tente une nouvelle question :

– Arnaud Gestin, vous prétendez avoir été visité par un ange...

– Je n'ai ja... jamais parlé d'ange ! le coupe l'intéressé.

– Ah, il a une voix ! Applaudissez, s'il vous plaît... (Le public, goguenard, obéit sans retenue.) Donc vous avez fait une rencontre, disons, un peu spéciale. Pouvez-vous nous raconter ça ?

Sans répondre, l'homme se redresse sur son siège. Fabrice fait de même contre le dossier du canapé.

– Qu'est-ce qui t'arrive ? demande Iness.

– Il va se passer quelque chose.

La jeune femme connaît assez son compagnon pour savoir qu'en certains domaines, il dispose d'un sixième sens infaillible.

– Quoi ? demande-t-elle en s'asseyant en tailleur.

– Je parie qu'il va se lancer dans un discours délirant et qu'ils vont être obligés de l'évacuer de force.

– Moi, je parie qu'il va s'en aller comme il est arrivé, sans lâcher un mot.

– O.K.. Tope là.

Pendant qu'ils déterminent l'enjeu du pari, Laurent Faure, peu rassuré par la tournure de l'interview, tente de reprendre la main sur son invité.

– Allons, monsieur Gestin, vous avez sûrement beaucoup de choses à nous dire, et sans bégayer, j'en suis sûr.

L'invité quitte son siège, mais reste planté à côté sans laisser deviner la moindre émotion ou intention.

– Ça va venir, je le sens ! lance Fabrice, se réjouissant déjà d'avoir gagné son pari.

– Vous êtes mal à l'aise, traduit Laurent Faure. Je comprends tout à fait ; ce n'est pas évident de s'exprimer devant des millions de gens, surtout dans votre cas. Vous savez, ce plateau n'est pas une salle de torture, même si nous soumettons nos invités à la question ! Mesdames, messieurs, je vous demande d'applaudir Arnaud ! C'était déjà très courageux de sa part d'accepter de venir.

Tandis que retentissent les applaudissements censés clore le « raté » du gourou de la logorrhée, celui-ci déboutonne sa veste, y plonge la main droite et en sort un pistolet noir. Le public émet un hoquet de stupéfaction. Les trois autres invités ont un mouvement de recul, levant les mains en l'air comme dans un western. Quant à l'animateur, il grimace un sourire, comme s'il ne s'agissait que d'une mauvaise blague :

– Allons, Arnaud, ce n'est pas si grave...

Arnaud Gestin pointe son arme sur lui et tire. Atteint en pleine poitrine, l'animateur s'effondre comme une masse. L'instant suivant, alors que la panique s'empare du plateau, c'est le footballeur qui est abattu d'une balle en plein front, puis l'acteur dans le dos aussitôt après. Une voix crie : « Coupez ! Coupez ! » Un quatrième coup de feu claque, juste avant que l'image du carnage soit remplacée par un écran bleu.

Abasourdis d'horreur, Fabrice et Iness ne peuvent émettre un son. Puis, enfin, le policier rompt le silence :

– Ça va sûrement passer au zapping.

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